dimanche, avril 01, 2007

Londres en contact direct avec Téhéran, qui reste ferme

Le secrétaire britannique à la Défense, Des Browne, a annoncé être "en communication bilatérale directe avec les Iraniens" mais ne pas vouloir s'étendre sur les détails des tractations en cours.

"Nous sommes soucieux de voir cette affaire être réglée aussi rapidement que possible, et l'être par des moyens diplomatiques, et tous nos efforts tendent vers ce but", a-t-il confié à la BBC.

La chaîne iranienne en langue arabe Al Alam, dont le geste risque d'envenimer un peu plus la situation, a montré deux des militaires, en uniformes kaki, debout devant une grande carte du Golfe qu'ils pointent du doigt tout en parlant. Tous deux disent avoir pénétré dans les eaux iraniennes.

Sur la carte est marqué, en anglais, l'"endroit où les bateaux intrus ont été interceptés". "Dans ces images, les deux hommes ont avoué que leur unité avait pénétré illégalement dans les eaux iraniennes", rapporte la chaîne, affirmant qu'ils ont fait un récit détaillé de leur mission d'inspection.

DU TAC AU TAC

A Londres, une porte-parole du Foreign Office a déclaré: "Je souhaite simplement réitérer qu'il est inacceptable que ces images soient diffusées étant donné l'effet perturbant qu'elles peuvent avoir pour les familles."

"Il n'y a aucun doute quant à l'endroit où se trouvaient nos soldats. Ils étaient dans les eaux territoriales irakiennes", a-t-elle ajouté.

La Grande-Bretagne, qui a reçu les soutiens successifs du Conseil de sécurité de l'Onu, des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne et du président américain George Bush, avait déclaré auparavant "explorer le potentiel du dialogue avec les Iraniens".

Pour sa part, l'Iran dit étudier "de nombreux éléments" de la réponse écrite de la secrétaire au Foreign Office Margaret Beckett à sa propre note diplomatique, formulée à la suite de ce qu'il présente comme une violation de ses eaux territoriales par la Royal Navy.

Mais le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a déclaré dimanche que l'Iran attendait "un changement de comportement de la Grande-Bretagne et une position objective de ce pays par rapport à (ses) exigences légitimes".

Celles-ci n'ont pas été énumérées par le chef de la diplomatie iranienne, mais le président Mahmoud Ahmadinejad avait déjà reproché à la Grande-Bretagne l'absence d'excuses et un comportement diplomatique irrationnel .

Selon lui, la Grande-Bretagne aurait dû présenter ses regrets après l'incident du 23 mars, que Londres présente comme un guet-apens délibéré des Gardiens de la révolution iraniens dans les eaux irakiennes où la Royal Navy patrouille en vertu d'un mandat de l'Onu.

MANIFESTATION À TÉHÉRAN

A en croire le Sunday Telegraph, Londres exclut d'admettre que les 15 captifs auraient pénétré dans les eaux iraniennes et de fournir des excuses, mais accepterait de garantir que sa marine ne procéderait à l'avenir à aucune incursion délibérée dans la partie iranienne du Chatt al Arab.
Le journal dominical croit savoir que ces assurances pourrait être transmises à Téhéran par un émissaire spécial en la personne d'un officier supérieur de la Royal Navy, mais le Foreign Office s'est refusé à confirmer ces informations.

Le président Bush est venu samedi à la rescousse de son allié britannique en qualifiant l'incident d'"inexcusable" et en réclamant la libération des 15 captifs "innocents", qu'il a qualifiés d'"otages" - allusion à la prise d'otages de 1979 à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran.

Mais Mohammad Ali Hosseini, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a jugé que ce genre d'intervention était de nature à nuire aux soldats britanniques.

Aux cris de "Mort à la Grande-Bretagne!", 200 miliciens religieux iraniens ont manifesté bruyamment dimanche devant l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran, protégée par un cordon de police pour réclamer des excuses de Londres, et même réclamer l'expulsion de l'ambassadeur.

Des explosions de faible puissance ont été entendues à la suite, selon un témoin, de jets de petits engins incendiaires de fabrication artisanale, et de la fumée s'est échappée du bâtiment. Mais à Londres, le Foreign Office a pris soin de préciser qu'il n'y avait eu ni victime, ni dégâts.

Ajoutant encore au climat de tension qui a amené les cours du pétrole à des plafonds inégalés depuis six mois, l'Iran a transmis à l'ambassade une note de protestation à la suite de tirs britanniques dans le secteur du consulat d'Iran à Bassorah.

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