dimanche, avril 01, 2007

Québec sans plomb, ou presque

Montréal doit investir 270 M $ d’ici 20 ans pour éliminer ses 75 000 conduites d’eau en plomb. À Québec, la situation serait « différente », dit-on, puisque seuls de vieux branchements sont en plomb. La Ville n’y voit aucun danger pour la santé.« Je ne considère pas que c’est un problème », certifie François Proulx, le directeur des laboratoires de Québec. Il souligne qu’au début des années 1990, la capitale s’est soumise, comme l’ensemble des municipalités du Québec, à des tests sur le plomb dans l’eau. Ils s’étaient révélés bien en-deçà des normes.Selon Jacques Perron, porte-parole de la Ville, Québec a procédé à l’enlèvement de la dernière conduite en plomb en 1996. « C’était la norme, il y a 50 ans. La pratique a été abandonnée au début des années 1970. » Il subsiste toutefois des branchements dans les vieux quartiers : Limoilou, Sainte-Foy et Beauport, par exemple.

Ils sont remplacés chaque fois que des travaux sont effectués — jusqu’à l’entrée d’eau des bâtiments. Les experts municipaux considèrent que l’eau n’est pas en contact suffisamment longtemps avec le plomb pour qu’elle soit contaminée, contrairement à une conduite. On recommande tout de même de toujours laisser couler l’eau une trentaine de secondes avant de se servir à boire.« Nous avons toujours collaboré avec la Direction régionale de la santé publique (DSP). On ne rapporte aucun cas de plombémie à Québec lié à l’eau », soutient M. Proulx.Ce que confirme Jean-François Duchesne, de la DSP. Mais « nous sommes en train d’évaluer la question afin de déterminer si on pousse plus loin ou s’il n’y a pas de problème », révèle le conseiller en santé environnementale.
La réponse sera connue d’ici quelques mois.En attendant, le bilan de santé est plutôt positif concernant la qualité de l’eau potable dans la grande région de Québec — rien qui ressemble de près ou de loin à la tragédie de Walkerton, en Ontario. L’insalubrité de l’eau avait causé sept morts.ContaminationMais « il est très difficile de faire un lien direct entre une maladie et une exposition à l’eau », explique M. Duchesne. Même dans les cas d’une contamination à un produit chimique. Il n’y a pas, par exemple, de lien statistique entre les cancers dans la population et la propagation de TCE dans l’eau, à Shannon, un cas récent. Notamment parce que les malades n’étaient pas en contact direct avec l’eau contaminée.Ce qui n’empêche pas la DSP d’agir en prévention, comme dans le cas des lacs et rivières infestés aux cyanobactéries, communément appelées algues bleues.

La DSP ne rapporte d’ailleurs aucun cas de maladie. On n’a pas relevé des niveaux élevés de toxines dans l’eau de consommation, mais, dans les plans d’eau, « il y en avait assez pour représenter un risque pour la santé, surtout au lac Blanc », indique M. Duchesne.Depuis 20 ans, selon un relevé de la DSP, les maladies liées à l’eau de consommation sont plutôt rares, généralement des gastroentérites causées par des puits artésiens. Le cas le plus grave étant un cas d’hépatite A, qui a touché 15 personnes, à Saint-Jean de l’île d’Orléans, en 1995, en raison d’un puits contaminé par une fosse septique voisine.Bref, pas de risque à prendre avec la santé des gens. Mais la problématique des tuyaux de plomb illustre bien qu’il ne sert à rien de protéger les sources et de traiter l’eau si le réseau de distribution n’est pas à la hauteur.Aux États-Unis, l’Agence de protection environnementale (EPA) considère que la rouille des conduites, en raison de leur âge, est le plus grand risque de contamination et de source d’épidémie en santé publique.Quand on connaît le sous-financement chronique des infrastructures municipales, régulièrement dénoncé par les maires du Québec, devrait-on nous en inquiéter aussi ?

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