dimanche, avril 15, 2007

Le caucus du Bloc pardonne à Duceppe qui reprend les rênes de sa formation


OTTAWA (PC) - Alors que vendredi il semblait sur la voie de sortie vers le Parti québécois, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, était de retour à la barre de son parti, lundi, après avoir obtenu l'appui inconditionnel de ses troupes qui l'ont accueilli chaleureusement.

C'est visiblement abasourdi, avec l'air contrit de celui qui veut se faire pardonner une faute, que M. Duceppe s'est présenté lundi devant son caucus. Il a reconnu son erreur des derniers jours, estimant ne pas avoir écouté son instinct et sa logique.

Vendredi, M. Duceppe annonçait qu'il se portait candidat à la course au leadership du PQ. Un peu plus de 24 heures plus tard, dans un rebondissement jamais vu, il renonçait à cette idée et se ralliait à Pauline Marois.

En point de presse, lundi, il a expliqué que sa décision rapide de se lancer dans la course au leadership ne venait pas d'une mauvaise évaluation de ses appuis au sein du PQ, pas plus qu'elle était motivée par un désir de battre de vitesse son adversaire.

"Vendredi matin, j'étais plutôt décidé à ne pas y aller. Mais j'étais obnubilé par une question, un argument souvent apporté par les adversaires mais aussi par les commentateurs: 'il n'y est pas allé en 2005, et il n'y va pas encore"', a raconté M. Duceppe, qui dit qu'il connaissait, chiffres à l'appui, sa position dans cette course.

"J'ai dit: 'j'arrête de regarder les conditions'. On avait même des chiffres, et j'ai dit: 'j'y vais'. C'est une erreur", admet désormais le chef du Bloc, faisant preuve d'une humilité plutôt rare en politique.

Cette démonstration d'humilité ne s'est pas déroulée sans difficulté pour M. Duceppe. A l'arrivée à la réunion de son caucus, qui l'a accueilli à bras ouvert, le chef bloquiste affichait des traits tirés et semblait très remué par les événements.

Même en point de presse, après avoir obtenu l'appui de ses députés, il ne pouvait que laisser poindre l'émotion en tentant d'expliquer ce qui a bien pu se passer. "Comment, moi qui suis si méthodique, j'ai pu faire une erreur de même, je ne le sais pas, a lâché M. Duceppe, levant les yeux au ciel. Les politiciens, on n'est pas fait en bois."

Si les députés de son caucus se disaient heureux de voir leur chef rentrer au bercail, les adversaires du Bloc ne se sont pas faits tendres. Aux Communes, lors de la période de questions, M. Duceppe a dû faire face à son lot de railleries.

"Je suis très heureux de retrouver le chef du Bloc québécois parmi nous aujourd'hui. Ma foi, c'est comme s'il n'était pas parti", a déclaré le ministre des Transports, Lawrence Cannon, déclenchant les rires dans les banquettes conservatrices.

Devant les journalistes, le chef adjoint des libéraux, Michael Ignatieff, n'a pas manqué de souligner que M. Duceppe "a fait une course à la chefferie qui n'a duré que 24 heures". L'acte de contrition du chef bloquiste ne le convainc pas. Il s'agit plus, de l'avis du libéral, d'opportunisme politique.

Lundi, le futur candidat néo-démocrate Thomas Mulcair voyait dans le renoncement du leader souverainiste un signe que l'existence du Bloc tirait à sa fin. "Son retour marque le retour d'un chef affaibli. (...) Il voulait partir d'Ottawa, il avait le désir d'aller à Québec. Comme beaucoup de gens, je regarde ça et je me pose beaucoup de questions sur son jugement", a déclaré le porte-parole du Nouveau Parti démocratique au Québec.

Toutes les tentatives des partis fédéralistes n'ont pas formé de brèche dans la confiance des députés bloquistes, persuadés que ni le parti ni M. Duceppe ne sortent affaiblis de cette aventure.

"Ce n'est pas un Denis Coderre qui va passer à travers Gilles Duceppe si son caucus est derrière lui", a résumé le député de Rosemont-La Petite-Patrie, Bernard Bigras.

De l'avis de l'ancien ministre péquiste Serge Ménard, la carrière de son chef s'en trouve relancée. "L'humilité, c'est la garantie de l'écoute pour l'avenir. Je pense que les peuples sentent qu'ils ont plus à craindre de l'orgueil de leurs dirigeants que de leur humilité", a fait valoir le député de la région de Laval.

M. Duceppe a d'ailleurs souligné que, si les militants lui accordent leur confiance lors du conseil général d'octobre prochain, il dirigera les destinées du Bloc lors de la prochaine élection fédérale. D'ici là, il a promis de travailler de concert avec Pauline Marois.

"Avec Pauline, ce ne sera pas un duel, ce sera un duo", a-t-il illustré, sous un tonnerre d'applaudissements de ses députés, dont plusieurs souhaitaient ce scénario depuis le départ d'André Boisclair de la tête du PQ.

"Il a joué, sur l'échiquier politique, un coup de maître. Protéger la reine et protéger le roi", a soutenu la députée de Laurentides-Labelle, Johanne Deschamps.

"Pour moi, c'est une occasion extraordinaire que le Parti québécois et le Bloc soient plus proches. C'est la première fois qu'il y a deux leaders qui vont vraiment être sur la même longueur d'onde, et je suis contente de ça", a affirmé pour sa part la députée Francine Lalonde, qui a participé au lancement de la campagne de Pauline Marois, dimanche.

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