L'Argentine réaffirme sa revendication de souveraineté sur les Malouines
Vingt-cinq ans après avoir perdu la guerre des Malouines, l'Argentine a décidé de lancer une offensive diplomatique contre la Grande-Bretagne: Buenos Aires en appelle aux Nations unies, réaffirmant sa revendication sur cet archipel, où bien plus de moutons que d'hommes se regroupent face aux vents sévères de l'Atlantique Sud. Londres, cependant, reste de marbre.
Nombre d'Argentins considèrent ce conflit, qui a débuté le 2 avril 1982 par le débarquement de militaires argentins à Port Stanley, comme une énorme erreur commise par la dictature militaire. Mais la population continue de juger siennes les îles «Malvinas», et en cette année électorale, le président Nestor Kirchner semble prêt à engranger des soutiens en s'élevant contre le ferme refus du Royaume Uni d'ouvrir des négociations sur l'avenir de ces îles.
«L'Argentine n'a jamais consenti à la revendication de droits du Royaume Uni sur le territoire», explique Eduardo Airaldi, haut responsable de l'administration Kirchner en charge de la région de l'Atlantique Sud, dans un entretien à l'Associated Press.
Les prédécesseurs de Kirchner n'en ont pas fait autant pour mettre en avant les revendications de l'Argentine sur ces îles. L'ancien président Carlos Menem a rétabli les relations diplomatiques avec Londres en 1990 après avoir accepté de mettre en suspens la question de la souveraineté. En revanche, Kirchner a décrit la reprise de l'archipel comme un «objectif permanent et irrévocable du peuple argentin».
Son gouvernement a exprimé son irritation quand la Grande-Bretagne a protesté contre la présence d'un bateau argentin près des îles, contesté les changements en matière de droits de pêche effectués par les administrateurs des Malouines et envoyé en janvier son chef de la diplomatie faire du lobbying auprès du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon afin d'obtenir son soutien en faveur de nouvelles discussions relatives à la souveraineté.
Mardi, l'Argentine a annoncé l'abandon d'un accord signé par Carlos Menem avec les Britanniques pour des opérations d'exploration visant à trouver du pétrole et du gaz autour des Malouines. L'entreprise commune n'a permis aucune grande découverte, mais a eu valeur de symbole. Le Foreign Office a qualifié la décision de Buenos Aires d'«action regrettable» qui «n'aidera en aucune façon l'Argentine dans sa revendication sur la souveraineté des îles».
«Nous ne discuterons pas de souveraineté à moins que les habitants des îles ne le souhaitent. À présent, ce n'est pas le cas», a déclaré une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères sous couvert d'anonymat. «À cet égard, 1982 n'a rien changé».
Il y a un quart de siècle, la guerre des Malouines, îles devenues britanniques dans les années 1830 après avoir été occupées par les Argentins, dura 74 jours. Humiliée, la nation sud-américaine se rendit le 14 juin 1982, après la mort de 649 soldats argentins et de 272 militaires britanniques.
De nombreux hommages sont prévus lundi en Argentine, où le différend lié aux Malouines demeure une plaie ouverte dans les relations entre les deux pays, qui partagent une longue histoire. Nombre d'écoles publiques, rues, petits commerces arborent fièrement le nom des «Malvinas». La guerre, même courte, n'en a pas moins provoqué un trauma chez les anciens combattants se plaignant de la négligence du gouvernement.
Pour les Argentins, le plus grand héritage tient au fait que la défaite a accéléré la chute de la dictature survenue un an plus tard en 1983, observe Riordan Roett, de l'Université Johns Hopkins.
Côté britannique, la ministre britannique des Affaires étrangères Margaret Beckett a déploré dimanche dans un communiqué les morts provoquées par la guerre de part et d'autre: «La perte d'une vie de chaque côté est une source de regret perpétuel».
Si l'on s'en tient aux symboles, les Malouines -Falkland Islands en anglais- semblent visiblement occuper une place différente dans la psyché britannique. Un mémorial en hommage aux morts de la guerre se dresse dans un obscur faubourg de Londres. En juin, une parade militaire est envisagée devant le palais de Buckingham, mais d'immenses foules ne sont pas attendues.
«Où se trouvent exactement les Malouines?», s'interroge Andrew Bennett, un comptable londonien de 43 ans. «Les gens n'y vont pas en vacances».
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